Une dure réalité dans un secteur d’humanité

Publié le 5 avril 2025 à 09:49

"Prendre soin de soi pour mieux accompagner les autres" – Le cri silencieux des aidants et soignants

 

On ne naît pas aidant, on le devient. Par choix, par amour, par vocation… ou simplement parce qu’il le faut. Parce que quelqu’un, quelque part, a besoin de nous.

 

Mais derrière les gestes de soin, la patience, l'écoute, il y a souvent des cœurs épuisés.

Des épaules, des dos qui font mal . Et des silences qu'on n'entend pas.

Mon vécu de terrain : une dure réalité dans un secteur d’humanité

 

J’ai commencé dans le médico-social en 2011, comme agent hospitalier, agent de soins, puis j’ai poursuivi en tant qu’aide médico-psychologique diplômée.

 

J’ai connu les journées compliqués, la difficulté institutionnelle, le manque de moyens, l'absence des collègues non remplacés,  la non reconnaissance de la hiérarchie, les familles mécontentes, la souffrance, les conséquences douloureuses des différentes pathologies, les cris, les regards vides et les mains tremblantes, les deuils...

 

La multiplicité des tâches et des rôles à tenir:

 

 

  • Changer constamment de casquette : être à la fois soignant, psychologue, secrétaire, éducateur, médiateur familial, agent d'entretien, technicien, lingère, animateur.

  • Gérer l’urgence et l’administratif : remplir des dossiers, répondre aux appels, organiser des rendez-vous médicaux, tout en étant pleinement présent pour la personne.

  • Accompagner une personne en fin de vie tout en gardant le sourire.

 

  • Gérer les angoisses d’un enfant porteur de handicap alors que notre propre cœur est à bout.

 

  • Écouter les détresses, la colère d’une famille désemparée... sans jamais montrer les nôtres.

 

  • Enchaîner les journées sans pause, tout en rentrant à la maison pour "gérer" encore.

 

 

J’ai vu des collègues tenir debout avec des douleurs invisibles, et d’autres craquer dans un coin du vestiaire...

 

J’ai moi-même traversé un burn-out après des années à me donner sans compter.

 

Le poids de l’institution, le deuil de certaines illusions, l’épuisement mental... tout cela nous laisse à genoux.

 

Qu’on soit soignant, éducateur, moniteur, auxiliaire de vie, accompagnant, ASH, AESH, aidant familial .... : nous sommes confrontés au quotidien à l'humain dans des conditions de travail matérielles et financières qui rendent notre mission encore plus complexe.

Une charge émotionnelle qui s’accumule, en silence

 

Chacun de nous joue un rôle clé dans l’accompagnement des personnes fragilisées par la maladie, le handicap, l’âge ou la dépendance.

Derrière chaque tâche, derrière chaque geste, il y a un être humain qui doit également jongler avec ses propres défis, ses émotions, et parfois même ses propres souffrances.

 

Souvent, nous pouvons ressentir une forme de solitude dans ce rôle, même entouré.

Qui comprend vraiment ce que l'on vit ?

Pourquoi on s’épuise ?

 

  • Nous voulons bien faire.

 

  • Nous voulons tout donner.

 

  • Nous souhaitons palier à tout.

 

  • Parfois, nous nous pensons irremplaçable. Combien de fois nous nous sommes dit : ''Si je m’arrête, mes collègues vont être en difficulté. Et puis, M./Mme X compte sur moi, aime quand c’est moi qui m’occupe de lui/elle..."

 

  • Nous avons tellement à cœur notre métier, que nous ne voulons pas nous arrêter, même lorsque notre corps ne suit plus.

 

  • Nous avons du mal à décrocher du travail, même lorsque nous déposons la blouse ... 

 

  • Nous partons souvent en vacances avec nos patients/résidents/accompagnés dans un coin de notre tête. 

 

  • Parce qu’on absorbe. On se laisse traverser par les émotions des autres, souvent jusqu’à ne plus savoir où l’on en est soi-même.

 

  • Parce qu’on pense qu’il faut continuer, malgré tout. Parce qu’on est fort. Parce qu’on n’a pas le choix. Parce que c’est notre mission.

 

  • Parce qu’on accepte des conditions qui vont à l'encontre de nos valeurs, de notre vision que nous avions de notre pratique.

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